Au départ, ce sont Six comptes rendus
d’exposition. En passant, il y a des hommages à rendre.
Mais d’emblée, l’usage du dessin comme mode d’écriture
ravive des questions anciennes sur le compte rendu, et lui propose
des terrains nouveaux à explorer.
Pourquoi fait-on un compte rendu et qu’en attend-on ? Que peut-il
nous révéler d’une œuvre que nous ne puissions
voir sans lui ? Si plutôt qu’aux mots, on se confie au
dessin, celui-ci ne peut-il découvrir des correspondances invisibles
entre les œuvres ? Quoi de commun entre les traits de Sol Lewitt
et ceux de Rembrandt ? N’y aurait-il pas des liens à
mettre à jour entre le trajet du regard à la surface
d’un monochrome d’Yves Klein – jamais totalement
unie si l’on s’approche – et le trajet de la main
dans les feuillages de Fragonard ?
En dessin, le regard trace tout autant que la main voit, il se peut
qu’il invente autant qu’il découvre. Mais n’est-ce
pas la même chose lorsque nous lisons une partition ? Après
tout, les œuvres ne se révèlent que dans les interprétations
que nous en donnons. Nous n’y pouvons rien, c’est un travail
qui se renouvelle de lui-même.